Les chercheurs
Alexandra Gouazé
Un régime gras qui perturbe le cerveau
Alexandra GOUAZÉ est jeune chercheuse en biologie dans l’équipe «Cerveau Sensorialité Métabolisme» au CSGA* à Dijon. Elle y étudie les cellules de l’hypothalamus, une structure située dans le cerveau qui permet de réguler la quantité de nourriture que l’on consomme (= la prise alimentaire). Dans cette zone du cerveau, les différentes cellules forment un réseau qui n’est pas figé. En effet ces cellules peuvent se multiplier, et devenir des cellules pouvant jouer différents rôles, ou même mourir. Dans son laboratoire, Alexandra étudie comment un régime gras peut, en seulement quelques jours, modifier le réseau cellulaire de l’hypothalamus. Elle utilise la souris comme modèle de recherche.
* Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation
Le cerveau contrôle tout notre corps, dialogue avec nos organes, et régule notre comportement en fonction de ce qui nous entoure (nourriture, température, condition météo, etc.). Ainsi, quand on mange trop ou trop gras, le cerveau fait en sorte que les prochains repas soient moins copieux et moins fréquents. La zone du cerveau qui contrôle cela s’appelle l’hypothalamus. Mais si la nourriture est vraiment trop riche et trop fréquente, comme par exemple lorsque l’on se nourrit uniquement de fast-food, à la longue on peut devenir obèse et développer des maladies comme le diabète.
Dans sa recherche, Alexandra et ses collègues se sont demandés comment l’hypothalamus réagit à un tel changement de nourriture. Pour comprendre cela elle a utilisé des souris adultes à qui elle a donné une nourriture grasse et calorique. En les comparant avec des souris nourries normalement, elle a d’abord constaté une augmentation de la prise alimentaire, mais seulement pendant les 3 premiers jours après le changement de nourriture. Par la suite les souris régulent leurs repas et mangent moins.
Alexandra a ensuite voulu savoir si le changement de prise alimentaire observé avait pu causer des modifications dans le cerveau et plus particulièrement dans l’hypothalamus. Grâce à diverses expériences, elle a compté le nombre de cellules se multipliant dans cette zone. Pendant les trois premiers jours où l’on observe des modifications du comportement alimentaire, elle a remarqué une augmentation importante du nombre de cellules de l’hypothalamus qui se multiplient. Alexandra pense que les nouvelles cellules issues de cette multiplication pourraient servir à la régulation de la prise alimentaire, et cela expliquerait pourquoi, après 3 jours de régime gras, les souris réussissent à manger moins.
Fiche publiée en 2011
- Savoir quelles sont les fonctions des cellules qui se sont multipliées. Comprendre comment elles peuvent réguler la prise alimentaire
- Si l’on comprend les mécanismes qui régulent la prise alimentaire, on pourra développer des traitements pouvant soigner l’obésité et le diabète