Nous avons tous en tête le cas d’un voisin, ou d’un proche, chef d’entreprise, qui a divorcé, mais cela ne permet pas de comprendre la diversité des situations vécues ni les régularités qui existent entre elles. L’analyse sociologique est nécessaire pour comprendre objectivement les faits sociaux, tout en tenant compte des connaissances issues de l’histoire, du droit ou de l’économie.

C’est dans le cadre d’une «recherche-action» que Maylis et les autres chercheur-e-s de l’équipe ont travaillé sur les conséquences socio-économiques des ruptures biographiques (divorce, séparation, maladie, décès) dans les TPE rurales de l’Arc jurassien franco-suisse. Dans cette zone géographique, 90% des entreprises sont des TPE : qu’elles soient agricoles ou artisanales, elles font s’imbriquer vie professionnelle et vie familiale. Alors qu’on pourrait les penser dépassées, les réalités de l’épouse qui s’occupe gratuitement et sans statut de l’administratif de l’entreprise de son mari, ou encore du père en retraite qui continue à travailler avec son fils reprenant l’exploitation, sont bien présentes. Mais qu’en est-il en cas de divorce, de décès prématuré, de maladie invalidante d’un des membres de la famille ? C’est ce que Maylis et l’équipe franco-suisse ont cherché à comprendre en analysant, au travers de 110 entretiens avec des chef-fe-s d’entreprise, les causes et les conséquences de ces ruptures sur l’entreprise, et sur les trajectoires individuelles et familiales.

Les résultats permettront aux professionnels de l’accompagnement à la création et la reprise d’entreprise d’intégerer dans leurs formations aux acteurs cette dimension mal ou peu considérée jusqu’alors.

Fiche publiée en 2016.