Les chercheurs
Alexis Varraz
De la tuile au temple : le monde grec en Sicile
Je suis jeune chercheur d’Aix-Marseille Université en archéologie au sein du Centre Camille Jullian (CCJ).
Ce laboratoire est spécialisé dans l’histoire et l’archéologie antique en Méditerranée. L’équipe dans laquelle je travaille, en collaboration avec l’École française de Rome s’intéresse particulièrement à la colonisation grecque en Sicile depuis l’installation des 1ʳᵉˢ colonies (8e siècle av. J-C) et jusqu’à la période romaine (3e siècle av. J-C). Mes recherches se concentrent sur les toits des temples d’une ancienne ville grecque, Mégara Hyblaea, située au nord de Syracuse. Je m’intéresse particulièrement à la période du 6e et 5e siècle av J-C car c’est à cette période que les premiers édifices religieux prennent des dimensions monumentales.
À partir du 4e siècle av. JC, la ville de Mégara Hyblaea est petit à petit abandonnée et au Moyen Âge les pierres des bâtiments sont réutilisées pour construire la ville voisine. Aujourd’hui, il ne reste plus de bâtiments visibles de cette ville et les fouilles, qui y ont été menées, ont notamment permis de mettre à jour des terres cuites architecturales et des tuiles. Nous sommes certains que ces tuiles appartenaient aux toits des temples de la ville. En effet, dans toute la Sicile, les Grecs ont développé le même type de toit complexe pour protéger les éléments d’architecture en bois et pour embellir les temples avec des riches décors géométriques et floraux.
Deux fois par an, je vais sur le site, en Sicile, pour trier, dessiner et photographier ces éléments, qui n’ont pas le droit d’être ramenés en France. En fonction de leurs décors et de leurs formes, je peux recomposer plusieurs toits, à la manière d’un puzzle gigantesque ! Cette étape importante de mon étude permet de restituer les frontons des temples de la ville. À terme, j’espère pouvoir mieux comprendre l’architecture des temples de Mégara Hyblaea car si on connait la taille et la forme du toit, on peut en déduire celles du temple.
Je m’intéresse aussi au travail des artisans et à la manière dont étaient fabriquées et échangées les terres cuites architecturales. Si nous savons peu de choses sur ces échanges, l’emprunt des mêmes décors et des mêmes formes dans les différentes colonies en Sicile peut suggérer des liens technologiques et commerciaux entre-elles. C’est par ce travail minutieux d’observation et de comparaison que j’essaye de reconstruire l’histoire de ces décors et de leurs artisans.
Fiche publiée en 2016.
- Travailler sur une collection ancienne non étudiée pour valoriser un site archéologique exceptionnel.
- Mieux comprendre le travail des artisans tuiliers en Sicile.
- Restituer les toits et les frontons des temples.