Elise Roussel est jeune chercheuse en littérature au LIR3S (Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche « Sociétés, Sensibilités, Soin ), à l’Université de Bourgogne à Dijon. Elle étudie Marie-Jeanne L’Héritier de Villandon, une écrivaine du XVIIème siècle qui a principalement écrit des contes. Ses textes sont dédicacés à des femmes issues de familles influentes de son époque. Cela intéresse Élise, qui essaye de comprendre si elles étaient amies ou si c’était une stratégie de sa part pour se faire publier, comme d’autres auteurs le faisaient, ou pour se faire reconnaître comme autrice.

Au XVIIe siècle, les écrivains avaient l’habitude de mettre une dédicace au début de leur livre, pour le présenter et l’offrir à une personne importante dans la société. Marie-Jeanne L’Héritier dédicace ainsi les contes qu’elle écrit à des femmes puissantes, issues de familles très nobles. Elle leur écrit en se présentant comme leur amie. Mais faut-il la croire ? Est-ce que cela veut dire qu’elles ont été réellement amies dans la « vraie » vie ? Élise tente de rechercher quels sont les liens entre toutes ces femmes et dans quel but Marie-Jeanne L’Héritier leur a dédié ses textes.

Élise a commencé par enquêter sur les neuf femmes à qui Marie-Jeanne L’Héritier a dédicacé ses livres, pour savoir qui elles étaient. Pour cela, elle recherche dans les archives de leur famille, dans les journaux de l’époque et dans les lettres publiées. Quand elle réussit à trouver des informations sur elles, elle identifie les liens que Marie-Jeanne L’Héritier et ces femmes auraient pu avoir. Pour certaines, il reste beaucoup de traces de leur vie, mais d’autres semblent avoir été complètement oubliées.

Après avoir réussi à identifier certaines de ces femmes, Élise cherche à comprendre pourquoi l’autrice a décidé de leur dédier ses textes. Dans les dédicaces qu’elle écrit, Marie-Jeanne L’Héritier a mentionné leurs qualités : l’une est bonne lectrice, l’autre excellente conteuse ou savante… Marie-Jeanne L’Héritier en a aussi cité certaines à l’intérieur même des contes, comme exemple de réussite féminine notamment. Est-ce qu’elle a essayé de leur faire de la publicité ou de se faire bien voir par elles ? En citant leurs qualités et leurs capacités, elle a donné une bonne image d’elles. Comme ce sont aussi des femmes issues de familles nobles, Élise suppose que Marie-Jeanne L’Héritier a tenté de bénéficier de leur puissance. Les dédicaces pourraient donc être des stratégies pour être reconnue comme autrice, ou pour présenter son écriture dans un échange entre femmes.

Fiche publiée en 2024.