Les chercheurs
Béatrice Hermitte
Le musée Spitzner : dialogue avec les artistes
Je suis jeune chercheuse d’Aix-Marseille Université en histoire de l’art et histoire, au sein du laboratoire Telemme*. Ce laboratoire est pluridisciplinaire et regroupe principalement des historiens, des historiens d’art et des géographes, sur une période allant du Moyen Âge à nos jours. Mes recherches portent sur le Musée Spitzner qui fut en activité entre 1856 et 1960. Ce musée parisien présentait des statues en cire d’anatomie humaine et des collections scientifiques afin de sensibiliser un public ayant peu de connaissances sur les nouvelles questions d’hygiène et de santé. Il mettait aussi en scène ponctuellement des personnes présentant des malformations corporelles (nains, siamois, homme de Protée…).
Je m’intéresse au Musée Spitzner : un musée itinérant anatomique et forain aujourd’hui disparu et dont les collections sont dispersées. Je cherche à retracer son itinéraire, ses collections, et connaître les réactions de ses visiteurs pour comprendre comment il s’insérait dans le contexte social, historique et scientifique de son époque. Pour cela, je recherche les archives administratives, les tracts, les affiches et les catalogues du musée, mais aussi les journaux des villes dans lesquelles il s’est arrêté. Je m’intéresse aussi aux collections de ce musée, et notamment aux sculptures de cire, qui sont peu étudiées par les historiens de l’art et dont les procédés de réalisations sont encore mal connus. Je dois donc retrouver les sculptures qui faisaient partie du musée et les étudier.
Je cherche également à retrouver les influences que ce musée a pu avoir sur les artistes. En effet, il semble être au centre d’une discussion artistique entre les sculpteurs qui réalisent les pièces de la collection et les artistes des XIXe et XXe siècles. J’ai déjà constaté des emprunts artistiques, en travaillant sur des archives photographiques et textuelles et sur les quelques sculptures de cire encore conservées. Par exemple, le musée disposait d’un groupe sculpté représentant le professeur Charcot donnant un cours à la Salpêtrière, inspiré d’une peinture de 1887 d’André Brouillé. Et inversement, les artistes surréalistes ont été influencés par le musée : Paul Delvaux en fit plusieurs représentations, suite à sa visite dans les années 1930 de la foire de Bruxelles.
Ce travail me permettra, à terme, d’en connaître plus sur les procédés de réalisation des sculptures qui sont encore peu étudiés et de mieux percevoir l’importance sociale et culturelle de ces musées anatomiques forains aux XIXe et XXe siècles.
* Temps, Espace, Langage, Europe méridionale, Méditerranée
Fiche publiée en 2018.
- Mieux connaitre ces musées anatomiques qui sont encore peu étudiés
- Travailler sur des collections inédites pour permettre leurs mises en valeur et la présentation aux publics
- Comprendre quelles étaient l’influence et l’importance de ces musées sur la société et la vie culturelle aux XIXe et XXe siècles